Une histoire des techniques de nav : le spi des sixties

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Nicolas
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Une histoire des techniques de nav : le spi des sixties

Message par Nicolas » 05 sept. 2016, 15:27

J'ai eu l'occasion cet été de naviguer à l'ancienne et ça a permis à Couleapic de retrouver la véritable fonction du winch des vieux 470 Morin, à savoir aider àtenir le foc quand l'équipier est au trapèze et que les taquets au vent sont inutilisables.

La fois suivante, j'ai voulu voir par moi-même comment on spiait en 1966.

Dans son bouquin, "Maitrise de la voile", 1962, Elvström explique qu'on peut passer l'écoute à l'intérieur de l'étai (et la ramener vers le mat) mais que ça empêche de loffer et qu'il ne vaut mieux ne pas avoir à empanne. Tu m'étonnes ! Mais on voit ça sur les grands yachts photographiés par Beken of Cowes.

Sur les 470 Morin, de 64 à 69, l'accastillage standard de la coque comprend deux filoirs et le taquet de drissse. Le mat bois dispose pour le tangon d'un ensemble balancine sur sandow/halebas réglable par noeud d'arrêt. Le mat proctor doré est plus mystérieux, avec deux uniques pontets, mais passons.

Le bateau est présenté comme celui du "juste milieu", sportif mais pas trop.

Au vent arrière, pas de problème tant que ça ne souffle pas trop ; l'équipier (c'était Roger of Choisy -merci Roger) a le bras dans sa main avant et l'écoute dans sa main arrière. Problème, l'écoute en continu traverse le bateau en avant de la barre : pas très pratique.

Mais dès qu'on loffe, la situation se complique parce que le bras se met à tirer plus et que l'équipier n'est pas bien positionné pour tirer fort d'un seul bras. De plus, c'est compliqué de monter au trapèze par ce qu'on a les deux mains prises et le reste de l'écoute dans le dos. Très vite l'absence d'accastillage pour maintenir le bras de spi oblige à abattre et à calmer le jeu.

La presse de l'époque s'est d'ailleurs félicité que le 470 Morin ne soit pas adapté au largue sous spi, ce qui l'aurait destiné fatalement à une clientèle acrobatique. Le spi était lui-même une voile dont on se méfiait encore au début des années 60 (rappelez vous le départ de Tabarly en 1964) mais quant à l'utiliser en même temps que le trapèze, c'était sans doute une excentricité condamnable qui n'était pas sans rappeler les pires excès de la Révolution.

Bon. Pour maintenir ce bras de spi au largue, et libérer une main, vont se développer les "axes de largue", bien nommés, qui ne s'emploient bien qu'avec un taquet derrière, et surtout en 470 les demi-filoirs en crochet, fixés diversement sur les listons. A noter que Lanaverre va utiliser sur son 420 un demi-taquet de tournage/coinceur qui remplit le double rôle de tenir le bras vers le bas et de le bloquer.

C'est ensuite, et à une date qu'il faudra préciser, qu'on va voir arriver les barbers réglables, avec un bout continu, qui facilitent grandement les empannages sous spi.

Là encore, je fait appel à nos anciens pour nous dire comment (et SI) on apprenait à spier dans les écoles de voile en 1960/1965 et comment on gérait le largue sans accastillage ..?

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Nicolas
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Re: Une histoire des techniques de nav : le spi des sixties

Message par Nicolas » 26 juin 2017, 21:59

A propos de spi vintage, j'ai compris un truc cette année : la position des filoirs de spi sur les vieux 470 Morin font que l'écoute de spi sous tension va vraiment gêner le barreur ; en fait, comme l'écoute est continue, il est plus pratique de la saisir non point sur le caisson sous le vent comme on fait aujourd'hui avec les multiples poulies de renvois, mais sur le caisson au vent derrière l'équipier, avant qu'elle ne traverse la bateau.
Un dessin serait mieux mais j'ai pas. ;)

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Re: Une histoire des techniques de nav : le spi des sixties

Message par Marchp04 » 27 juin 2017, 13:33

Pour avoir pratiqué en école de voile le travail du spi sur un 4'7 de ces annés la (winch de foc.. ) qui avait juste 2 filoirs sur le tableau , je confirme que C'EST PAS PRATIQUE DU TOUT.
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Re: Une histoire des techniques de nav : le spi des sixties

Message par pierrot » 27 juin 2017, 13:55

et oui on a testé avec Christian et le mieux c'est de le géré comme si on avait qu'une seul écoute grâce aux taquets de largue, on a vu grandement l'utilité . A noté qu'il est plus simple pour nous (Morin 1966 "Murphy") que l’équipier hisse seul le spi et que le barreur verrouille celui ci après, comme çà il se gonfle tout seule les écoutes file tranquillement et il reste à l'équipier de mettre son tangon et d'affiné son réglage de spi, le barreur est pas em.....der a tenir la barre prendre les ecoutes garder son cap (et son sang froid) perso je trouve ca mieux après on s'adapte. Pour le moment pas de naviguation car le lac est polluée d'algues :( mais on reprendra sérieusement en automne.
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Re: Une histoire des techniques de nav : le spi des sixties

Message par Nicolas » 03 janv. 2018, 21:26

A force de fouiner dans le Yachting France 1977, je comprends peu à peu les montages d'époque ; au moment de monter les bailles à spi, je m'interroge sur les nombreux crochets plastiques qui ornent le brise-lame côté intérieur et le caisson, à côté du rail de foc.

En fait, les bailles Morin d'époque étaient non fermées et basses (1974) ou très basses (1973 et avant). Il n'y a pas de vis dans le brise-lame ou l'étambrai mais c'est pris aux crochets plastiques les plus bas, et aussi sous l'étambrai. Apparemment, c'était pareil sur le YF qui était un Morin déguisé.
Bon, mais il reste au moins 2 crochets plastiques de chaque coté ..?
C'était pour y coincer les bras et écoute de spi ! On le voit bien sur les clichés de l'époque. Faut dire qu'on se méfiait un peu du spi, qui était encore une voile suspecte pour nombre de plaisanciers. Ainsi tenu, les bouts étaient moins susceptibles de partir à l'eau. Mais ça demande plus de temps à l'envoi ; faut penser à tout virer sinon ça va coincer un peu.

En revanche, je ne sais pas ce qu'ils faisaient de la drisse de spi ; où la bloquaient-ils quand le spi n'est pas hissé ? Ca reste à découvrir. Enfin en l'absence de rattrape mou de la drisse, une fois sous spi, c'était spaghetti assurés dans les pieds.

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Re: Une histoire des techniques de nav : le spi des sixties

Message par Baaat » 03 janv. 2018, 21:47

Ayant ces mêmes crochets en rab, je me suis posé la même question et j'ai cru que c'était pour la drisse de spi. L'idée était désastreuse, depuis, forcément, la pompe à spi aidant, j'ai un crochet de cassé !

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Re: Une histoire des techniques de nav : le spi des sixties

Message par Philippe Blanchard » 04 janv. 2018, 15:56

Nicolas a écrit :En revanche, je ne sais pas ce qu'ils faisaient de la drisse de spi ; où la bloquaient-ils quand le spi n'est pas hissé ? Ca reste à découvrir. Enfin en l'absence de rattrape mou de la drisse, une fois sous spi, c'était spaghetti assurés dans les pieds.
Sur mon 420 (1964 à 1966), je passais la drisse sous le crochet de largue, et mon frère tendait la drisse. Bien sûr, il fallait y penser à l'envoi de spi.
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Re: Une histoire des techniques de nav : le spi des sixties

Message par Nicolas » 04 janv. 2018, 17:07

Ah oui bien sûr ; et pour le mou de la drisse une fois le spi hissé, il y avait un truc ?

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Re: Une histoire des techniques de nav : le spi des sixties

Message par Baaat » 04 janv. 2018, 21:16

Heureusement, depuis, à Ablon, on a inventé la brosse à dents !

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Re: Une histoire des techniques de nav : le spi des sixties

Message par olivier81 » 04 janv. 2018, 21:28

de mon coté,quand j'ai eu mon 420 de 1967;j'ai du envoyer le spi seulement 2/3 fois,ça m'à vite dégoûté ce merdier :gb :gb
alors que le cinquo avec son avaleur et double tangons atomiques,ça donne plus qu'envie ;) ;)
le voilier est le moyen le plus lent;le plus inconfortable et le plus humide pour se rendre dans un endroit où l'on a rien à faire !!!!!

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